"When the bedouin will stop." : history of settlement policies in Syria under French mandate (1920-1941)

Cette thèse est l’histoire de la rencontre entre deux mondes : d’une part, l’administration du mandat français qui a investi la Syrie après l’effondrement de l’Empire ottoman ; d’autre part, les populations bédouines nomadisant au sein de la steppe syrienne, un espace marginalisé géographiquement et économiquement. Ce travail examine un des projets majeurs du mandat : la sédentarisation des nomades. Par la concession de terres aux chefs de tribus, l’administration française veut transformer les éleveurs bédouins en cultivateurs sédentaires, accroître la surface cultivée et assurer le développement du pays. L’étude présente les différents instruments de contrôle des populations bédouines élaborés par le pouvoir mandataire. Elle fait émerger la tentative française de combiner deux traditions impériales de gouvernement des nomades ; la première héritée de son propre empire colonial et la seconde correspondant au legs de plusieurs siècles d’administration ottomane en Syrie. Le Haut-Commissariat français en Syrie évolue d’une conception binaire du territoire dans les premières années, vers une politique d’inclusion de la steppe et des Bédouins au sein de la Syrie en construction. Cela se traduit par une tentative de redéfinition de l’organisation sociale des Bédouins et de son rapport aux institutions modernes. Le monde bédouin se constitue alors comme un système et un élément de la souveraineté. Ce travail de recherche, en s’attardant sur les transformations des sociétés rurales dans le Moyen-Orient de l’entre-deux-guerres, s’efforce de repenser la nature politique de la tutelle mandataire, ainsi que le rôle de la frange bédouine dans la naissance de l’État-nation en Syrie.This dissertation deals with the historical encounter between two worlds: on the one hand, the colonial imperialism of the French mandate that took place in Syria after the collapse of the Ottoman empire; on the other hand, the Bedouin wandering in the economic and geographic margins of the Syrian steppe.It discusses one of the main plans of the mandate: the settlement of the nomads. By granting agricultural land to tribal shaykhs, the French administration wished to transform the Bedouin into sedentary farmers, to increase the area under cultivation and, ultimately, to ensure the economic development of the country.The study focuses on the various tools and techniques created by the mandate for the control of the nomads. It puts forward the French ambition to reconcile two imperial traditions of ruling nomadic populations; the first one originated in its own colonial empire, the other being the heritage of several centuries of Ottoman administration. To combine these two traditions, the French administration evolved from a binary vision of Syria in the early years, to a policy of inclusion willing to integrate the steppe and the Bedouin in the rising Syrian state. The policy of inclusion led the mandate to redefine the social organization of the Bedouin in its relationship with modern political institutions. The Bedouin world was thus shaped as a political system within the state, and its idiosyncrasy acknowledged by the authorities.This dissertation – by focusing on the social and economic changes in Middle Eastern rural societies – reassesses the political nature of the French mandate and the role the Bedouin played in the Syrian state-building process